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Charles Michel

27/10/2020 | LE MOT DU PRÉSIDENT

Bonjour,

Nous subissons bien une deuxième vague du Covid-19. Elle touche, cette fois encore, l'Europe entière. En quelques semaines, la situation est passée de préoccupante à inquiétante. On en est maintenant à devoir éviter le drame.


La situation aurait dû être différente aujourd'hui. Au début de la pandémie, ce virus nouveau et déconcertant s'était propagé comme une trainée de poudre, prenant les citoyens et les autorités par surprise. L'urgence s'était imposée brutalement aux dirigeants nationaux : l'arrêt quasi-total de la vie économique et sociale par un confinement sévère, pour stopper net la propagation du virus. Des mesures sans précédent, qui ont produit l'effet escompté. Mais leur coût économique et social, pas encore perceptible pour tous, est déjà considérable.

Parallèlement, les autorités, les chercheurs et les entreprises pharmaceutiques ont mobilisé en un temps record des efforts et des moyens financiers jamais vus pour la mise au point de vaccins en extrême urgence. Et c'est l'Union européenne qui a pris l'initiative d'une levée de fonds internationale qui a permis de dégager à ce jour 16 milliards d'euros. Ces efforts paieront, puisque les premiers vaccins sont espérés pour la fin de cette année et le début de la prochaine. Mais il faudra encore beaucoup de temps avant qu'ils ne soient disponibles pour tout un chacun.

Lorsqu'à la fin du printemps on a réussi à réduire drastiquement la vitesse de propagation du Covid-19, la priorité a consisté à relancer la vie économique, sociale et culturelle. En somme, à permettre aux citoyens de revenir à une vie un peu plus normale. Ce choix devait être soutenu par une politique robuste de testing et de tracing. Car jusqu'au moment où les vaccins attendus seront administrés à grande échelle, la seule façon de contenir l'épidémie tout en maintenant l'activité est d'identifier très tôt les personnes contaminées, afin qu'elles puissent s'isoler et éviter de contaminer les autres.

A l'échelle de l'Europe, cette entreprise n'a pas atteint les résultats voulus. Et avec la reprise de l'activité, le virus a recommencé à circuler. Ce qu'il a fait d'autant plus aisément que la lassitude et le sentiment trompeur d'un retour à la normale ont amené au relâchement des mesures de prudence. L'espoir de l'arrivée prochaine de vaccins d'une part, et la concentration sur les mesures pour contrecarrer la crise économique et sociale de l'autre, expliquent sans doute les progrès insuffisants à ce stade dans les plans de testing/tracing/isolement.

Chaque jour compte. Il faut maintenant une action déterminée, nécessairement d'envergure européenne, basée sur deux piliers : le testing/tracing, et les vaccins.

D'abord le testing. Les tests PCR qui ont été privilégiés jusqu'à présent - le fameux goupillon introduit dans la narine - sont fiables. Mais ils sont lourds à administrer et à traiter en laboratoire. Puis ils demandent une gestion complexe pour en retourner les résultats aux patients. À très grande échelle, c'est-à-dire lorsque le taux de contamination est élevé, c'est difficilement gérable. C'est pourquoi il faut compléter cette technique par la mise en œuvre de tests antigéniques. Certes considérés aujourd'hui moins fiables, mais efficaces car produisant leur résultat en quinze minutes, ils permettront plus vite et plus simplement d'identifier à grande échelle les personnes porteuses du virus et contagieuses. En particulier lorsqu'elles sont asymptomatiques.

Certains de ces tests ont commencé à être homologués et commandés ici et là par différents niveaux d'autorités. Mais ne reproduisons plus les erreurs précédentes : il faut coordonner l'homologation de ces tests, afin de garantir leur reconnaissance sur le plan européen. Par ailleurs, leurs capacités de production doivent être stratégiquement assurées à l'échelle européenne, pour qu'ils soient disponibles et accessibles partout en même temps. Il n'est pas concevable que se reproduise un épisode semblable à la "course aux masques" du printemps dernier.

Ensuite, il faut opérationnaliser des systèmes de tracing performants. Au niveau européen, cela concerne notamment l'interopérabilité des applications de traçage de contacts et d'alerte. L'Europe s'est entendue à la fin du siècle dernier sur la norme de téléphonie mobile GSM ; elle a mis en place le système de géolocalisation par satellite Galileo ; elle a créé une grande zone de libre circulation… Il n'y a pas de raison qu'elle ne puisse s'entendre sur une interopérabilité d'applications sûres, garantes de la vie privée et efficaces.

Enfin, les pays de l'UE doivent s'entendre sur des règles communes d'isolement et de quarantaine. Ce n'est pas compliqué en soi. Cela ne l'est que par la multiplicité des niveaux de pouvoir. C'est donc une question de volonté politique.

Deuxième pilier de la stratégie à mettre en place : les vaccins. L'Europe a été à l'avant-garde de l'extraordinaire effort mondial dans ce domaine. Et elle l'a fait non seulement pour elle-même, mais aussi pour le reste du monde. En particulier pour les pays les plus vulnérables, en s'étant faite l'avocate de l'assimilation des vaccins anti-Covid à un bien public, accessible à tous et universellement disponible.

Mais notre stratégie et nos efforts doivent porter au-delà de la mise au point et de la commercialisation des vaccins. Il faut absolument éviter tout chaos. Nous devons définir des critères de répartition entre pays européens. Il convient aussi d'établir des groupes prioritaires auxquels les vaccins devraient être administrés. Les plus vulnérables (personnes âgées, malades chroniques…) et les personnels de santé paraissent des priorités évidentes. Encore faut-il le décider et le mettre en œuvre ensemble.

Enfin, la variété des vaccins attendus dans les prochains mois posera des questions logistiques auxquelles nous devons aussi être préparés. Certains vaccins nécessiteront une seule dose ; d'autres deux doses. Les uns pourront être conservés dans des réfrigérateurs ordinaires ; d'autres nécessiteront le maintien à plusieurs dizaines de degrés sous zéro. À grande échelle, tout cela impliquera des problèmes d'organisation et de distribution qui doivent être planifiés et gérés dès aujourd'hui.

La campagne de vaccination requerra aussi des schémas d'encadrement. Notamment le suivi de l'efficacité et des effets secondaires. C'est une préoccupation d'autant plus importante que le développement de vaccins prend en général dix ans, et non une année... Il faudra par ailleurs accorder une énorme attention à la communication publique et à la lutte contre la désinformation. Si trop de personnes craignent le vaccin, toute l'opération pourrait en être affaiblie.

En somme, c'est une Union des tests et vaccins qu'il nous faut. Elle s'impose à nous non seulement pour gérer la crise sanitaire. Mais aussi parce qu'une gestion disparate de cette épidémie, où les uns s'en sortiraient mieux que les autres, ne ferait qu'accroître encore les déséquilibres économiques qui seraient à leur tour dommageables pour tous, et nécessiteraient d'autres plans de sauvetage.

Bien sûr la santé, comme les affaires sociales, est une compétence qui relève principalement des États nationaux, voire des régions. Pourtant, cette crise a déjà montré qu'aucun pays ne peut s'en tirer seul. L'Europe apporte une valeur ajoutée irremplaçable, un socle qui stabilise les situations fragiles. Et les questions de compétences ne peuvent freiner l'action vitale. Ce n'est pas quand la maison est en feu qu'on doit se demander qui est compétent pour aller débrancher les compteurs d'électricité…

Mais il faut pour cela des impulsions politiques. Elles viennent des chefs d'État ou de gouvernement. Au début du mois de mars, c'est le Conseil européen, réuni pour la première fois et en urgence par visioconférence, qui a initié les plans d'action communs contre la crise : sur une gestion commune des stocks d'équipements médicaux, sur le rétablissement des chaînes d'approvisionnement, sur la levée des interdictions d'exportation intra-européenne de matériel médical, ou encore sur le financement de la recherche de vaccins…

Et c'est le Conseil européen qui, en avril, a défini les lignes directrices, chargeant la Commission européenne de proposer un instrument exceptionnel pour soutenir la relance des pays et régions les plus touchés par la crise. Une initiative qui a débouché en juillet sur l'accord historique des 27 chefs d'État ou de gouvernement pour un budget européen et un fonds de relance totalisant 1 800 milliards d'euros pour les prochaines années.

Lors de deux réunions au mois d'octobre, le Conseil européen a une nouvelle fois fait le constat que la coordination opérationnelle entre les 27 pays devait être dynamisée. Il a donc demandé à la Commission européenne avec les États membres d'y travailler, notamment sur les méthodes de testing, la reconnaissance mutuelle et les vaccins.

Face à cette crise exceptionnelle, nous devons agir vite et fort. Ces derniers mois, nous avons subi des revers et engrangé des succès. Mais la tempête est encore là. Nous sommes sur le même bateau. C'est dans cet esprit que des réunion régulières des membres du Conseil européen seront encore initiées, dont la prochaine ce jeudi 29 octobre par vidéoconférence.


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